Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/89

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Que mon lecteur me permette aujourd’hui d’être un peu plus long que d’habitude, cette préface étant la préface de mon dernier livre, une sorte de testament littéraire.

Il y a aujourd’hui plus de trente ans que je lutte, que je peine, que je combats, et pendant nombre d’années, nous étions, mon frère et moi, tout seuls, sous les coups de tout le monde. Je suis fatigué, j’en ai assez, je laisse la place aux autres.

Je crois aussi qu’il ne faut pas s’attarder dans la littérature d’imagination, au delà de certaines années, et qu’il est sage de prématurément choisir son heure pour en sortir.

Enfin, j’ai besoin de relire nos confessions, notre livre préféré entre tous, un journal de notre double vie, commencé le jour de l’entrée en littérature des deux frères et ayant pour titre : JOURNAL DE LA VIE LITTÉRAIRE (1851-188.), journal qui ne