Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/107

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et recommence le procès aux spoliateurs du clergé. Mais le pauvre Ourliac devait mourir dans une manière d’hôpital, et on ne peut guère lui en vouloir de s’être vengé par avance.

Ourliac était un petit homme imberbe comme un acteur, et pâle. Son teint était bilieux, son œil pétillant. Des lèvres minces et faites à point pour le persiflage complétaient un remarquable masque d’ironie. « Il n’avait rien, — dit-il quelque part de lui, sans se nommer, — il n’avait rien qui prévînt en sa faveur ; point de cet air de franchise et d’étourderie qui sied à un jeune homme ; une tenue circonspecte, peu de taille, un teint maladif, un visage désagréable, qui frappait pourtant ; des traits mobiles, expressifs quand il s’animait, et un sourire qui n’était pas sans grâce. » Quand il avait bu, de pâle Ourliac passait blême ; et alors, dans les dandinements et l’excitation de l’ivresse, son esprit mal d’aplomb entre la fièvre de tête et le mal de cœur, son esprit « mal réglé, peu choisi, tourné au sarcasme, mais fort plaisant », éclatait en pantagruéliques gaudisseries. Facétiant comme un Triboulet de lettres, il jetait au hasard ses