Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/111

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bouffonneries qu’il savait bien lui-même affectées de mauvais goût… Il plaisantait parce qu’il était pauvre, et que ces jeunes gens étaient riches ; parce qu’il n’avait pas soupé, et qu’ils soupaient ; parce qu’il était triste, affamé, parasite, indiscret ; il plaisantait pour qu’on lui pardonnât, pour qu’on ne lui fît pas affront ; lui qui avait du talent et de l’esprit, il plaisantait pour un déjeuner. »

Mais si vous voulez entrer en intime connaissance avec le fond de l’homme, lisez Suzanne. C’est le « moi » d’Ourliac se confessant lui-même, que ce livre. Tout le mauvais qu’il portait en lui, il se l’avoue, se souciant peu que ses amis le reconnaissent au visage, et faisant l’autopsie de ses misères morales avec un détail patient et une brutale franchise. La peinture de ces défaillances, de ce travail de l’envie, de ces exagérations poétiques, de cette sécheresse de cœur, de ce lyrisme aposté, de ces élans calculés, de ce despotisme d’égoïsme, de cette inquiétude de cerveau, de cette paresse de résolution et d’œuvre, de ces expansions épistolaires qui prenaient Ourliac à ses réveils d’orgie, de cette va-