Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— X —

glissait partout ; entre les jeunes gens il n’y avait ni lien commun ni intérêts généraux ; c’était partout la peur et l’adulation. »

La main sur le pouls du malade, Gontcharoff raconta, calme et impassible, les souffrances de la société. Il ne prit pas la peine de rechercher les sources du mal : chacun les connaissait trop bien. Son livre fit événement : ce fut à la fois une vengeance et un triomphe.

L’écrivain garda ensuite le silence durant douze ans. On disait vaguement que, par une note secrète, la censure impériale lui avait prescrit d’observer désormais plus de circonspection. Il reparut enfin avec Oblomoff, une nouvelle étude aussi cruellement vraie et tracée d’une main plus ferme encore.

Dans Une histoire ordinaire il avait montré comment s’était opérée la désorganisation sociale, dans Oblomoff il peignait la société telle que l’avait faite le règne précédent. Adonieff, le héros d’Une histoire ordinaire, est un moribond qui lutte contre l’agonie. Oblomoff est un mort qu’on galvanise. Sans caractère, sans énergie, sans initiative, il nous représente le produit extrême d’un despotisme qui a fait son temps.

La figure d’Oblomoff est complétée par celle de son domestique-serf Zakhare. Ce dernier appartient à deux