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OBLOMOFF.

diction devenait inutile et il se justifiait sans appel.

Zakhare s’était tracé, une fois pour toutes, un cercle d’occupations qu’il ne franchissait jamais de son bon gré. Le matin il chauffait la bouilloire, nettoyait les bottes et brossait l’habit que le barine avait demandé, mais jamais un autre, les autres dussent-ils rester dix ans pendus dans l’armoire.

Ensuite il balayait — mais non pas tous les jours — le milieu de la chambre, sans remonter vers les coins, et époussetait seulement la table vide, afin de ne rien déranger. Après cela il se croyait déjà en droit de sommeiller sur le poêle, ou de bavarder à la cuisine avec Anissia et sur la porte avec les autres domestiques, sans plus s’inquiéter de rien.

Si on lui ordonnait de faire quelque chose en plus, il s’exécutait de mauvaise grâce, non sans avoir disputé et cherché à faire croire que la chose était inutile, ou qu’il était impossible d’en venir à bout. Nulle puissance au monde n’était capable de le forcer à introduire un nouvel article dans son règlement de service.

Si on lui prescrivait de nettoyer, de laver quelque objet, ou d’apporter ceci ou cela, il s’en acquittait en grognant comme à l’ordinaire ; mais il eût été impossible d’obtenir de lui que les jours suivants il fit de son gré la même corvée. Le deuxième jour, le troisième et ainsi de suite, il aurait fallu lui renou-