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OBLOMOFF.

oreilles humaines : voilà pourquoi, presque en chaque maison, sous le toit, dans une cage de filet, pend une caille.

L’aspect général de ce pays modeste et simple n’eut même point satisfait le poëte et le rêveur. Ils n’auraient pas réussi à y trouver une soirée quelconque dans le goût suisse ou écossais, quand toute la nature — et la forêt, et l’eau, et les murs des cabanes, et les collines de sable, — tout s’embrase des feux du soleil couchant ; quand sur ce fond pourpré, tranche et s’estompe, par les détours de la route sablonneuse, une cavalcade de gentlemen qui viennent d’accompagner une lady dans sa promenade à travers les ruines mélancoliques, et qui pressent le pas vers un château fort, où les attendent un épisode de la guerre des deux Roses, raconté par l’aïeul, une biche pour le souper, et une ballade chantée sur le luth par une jeune miss, — charmants tableaux dont la plume de Walter Scott a si richement peuplé notre imagination. Non, on ne voit rien de tout cela dans notre contrée.

Comme tout est paisible, comme tout semble dormir dans les trois ou quatre hameaux dont se compose ce petit coin ! Ils étaient situés assez près les uns des autres, comme si, lancés par la main d’un géant, ils s’étaient éparpillés de tous côtés, et depuis avaient gardé leur position respective.