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OBLOMOFF.

C’est ainsi qu’une cabane tomba sur l’escarpement d’un ravin. Elle pend là de temps immémorial, s’avançant dans le vide et s’appuyant sur trois perches. Trois ou quatre générations y ont vécu paisibles et tranquilles.

Vous croiriez qu’une poule craindrait de s’y aventurer, et pourtant là habite, avec sa femme, Onissime Sousloff, homme solide, qui ne pourrait se tenir debout de toute sa taille dans la maison. Le premier venu ne saurait entrer dans la chaumière d’Onissime ; il faut que le visiteur obtienne d’elle par ses prières qu’elle tourne vers la forêt ses murs de derrière et lui présente sa porte[1].

Le perron pendait au-dessus du ravin, et, pour parvenir à y poser un pied, il fallait d’une main s’accrocher à l’herbe, de l’autre au toit de la chaumière, et ensuite faire un saut. Une autre chaumière s’était attachée à la colline comme un nid d’hirondelle ; là par hasard se trouvaient de front trois cabanes, et deux au fond même du ravin.

Tout est paisible, tout semble dormir dans le village ; les demeures silencieuses sont grandes ouvertes ; on ne voit âme qui vive ; les mouches seules volent en nuées et bourdonnent dans l’air lourd de la maisonnette.

C’est en vain que l’étranger, en y entrant, appelle-

  1. Tiré d’un conte populaire.