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OBLOMOFF.

ami, tu es encore plus Oblomoff[1] que moi. » Et Zakhare probablement se disait : « Allons donc ! tu n’es bon qu’à faire des phrases, des phrases assommantes, et quant à la poussière et aux toiles d’araignée, tu t’en moques pas mal. »

— Comprends-tu, dit Élie, que la poussière engendre des mites ? Il m’arrive même de voir quelquefois sur les murs une punaise.

— Mieux que ça, j’ai des puces, moi, répliqua froidement Zakhare.

— Et tu crois que c’est bien ? mais c’est de la malpropreté.

Zakhare sourit de toute la largeur de sa face. Ce sourire atteignit ses sourcils et ses favoris ; ils s’écartèrent et firent place à une grande tache rouge qui s’étendit jusqu’au front.

— Est-ce ma faute s’il existe des punaises ? dit-il avec un étonnement naïf ; est-ce moi qui les ai inventées ?

— C’est le résultat de la malpropreté, interrompit Oblomoff. Pourquoi dis-tu toujours des sottises ?

— Je n’ai pas non plus inventé la malpropreté.

— Est-ce que là-bas, chez toi, les souris ne trottent pas toute la nuit ? Je les entends.

— Et les souris non plus, je ne les ai pas inventées.

  1. Jeu de mots : Oblomoff vient de oblome, qui signifie pataud, rustre, lourdaud.