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OBLOMOFF.

Elles abondent partout, ces petites bêtes : les souris, les chats, les punaises.

— Comment se fait-il que chez les autres on ne voie ni mites ni punaises ?

La figure de Zakhare exprima l’incrédulité, ou plutôt la profonde conviction que la chose était impossible.

— J’ai de tout cela, insista-t-il avec opiniâtreté. On ne peut pas surveiller chaque punaise, ni se fourrer chez elle, dans sa fente.

Et il avait l’air de penser : « Peut-on faire un bon somme sans une punaise ? »

— Balaye, ôte les ordures des coins, et il n’y aura rien de tout cela, dit sentencieusement Élie.

— Que je balaye ! mais demain il s’en accumulera encore, dit Zakhare.

— Il ne s’en accumulera pas, interrompit le barine ; c’est impossible.

— Il s’en accumulera. Je le sais, insista le domestique.

— Eh bien ! s’il s’en accumule, tu balayeras encore.

— Quoi ! refaire chaque coin tous les jours ? Quelle existence ! Mieux vaut mourir !

— Mais alors pourquoi est-ce si propre chez les autres ? demanda Oblomoff. Regarde donc chez l’accordeur d’en face : cela fait plaisir à voir… et ils n’ont qu’une servante !