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CONTES D’ITALIE

des sentiments qui m’étaient inconnus. Elle me parle comme à un égal et elle ne demande pas, elle exige. Et je vois que j’ai compris pourquoi cette femme est si forte. Elle aime, et l’amour l’a aidée à comprendre que son enfant est une étincelle de vie qui peut provoquer des flammes durant une longue suite de siècles. Les prophètes n’ont-ils pas tous été enfants et les héros faibles ? Ô Djiganjir, clarté de mes yeux ! tu aurais peut-être ensemencé la terre de bonheur ; moi, je l’ai arrosée de sang et elle est devenue stérile !

De nouveau, le fléau des peuples se plongea dans une longue méditation ; il reprit, enfin :

— Moi, Timour, serviteur de Dieu, je dis ce qu’il faut dire. Que trois cents cavaliers se dirigent à l’instant vers toutes les extrémités de mon royaume et qu’ils cherchent le fils de cette femme ! Elle attendra ici et j’attendrai avec elle. Celui qui reviendra en ramenant l’enfant en croupe sur son cheval sera heureux. Est-ce bien, femme ?