Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/200

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la porte s’ouvrit toute grande et Petrovna parut en criant d’une voix assourdissante :

— Regardez donc ce qu’il y a derrière votre maison !

En apercevant le sergent de ville, elle voulut s’enfuir, mais celui-ci la retint par sa jupe en demandant :

— Attends ! Qui es-tu ? Que faut-il regarder ?

Petrovna trébucha sur le seuil et, tombant à genoux, se mit à balbutier, avalant ses mots et ses larmes :

— Je m’en allais traire mes vaches quand j’ai aperçu dans le jardin des Kachirine quelque chose comme une botte…

Ce fut au tour de grand-père de vociférer en tapant du pied :

— Tu mens, vieille bête ! Tu n’as rien pu voir dans mon jardin ; la clôture est trop haute, et il n’y a point de fentes ! Tu mens ! Il n’y a rien dans mon jardin…

— Mon petit père ! gémit Petrovna, tendant une main vers lui, tandis que de l’autre elle se prenait la tête, vous l’avez deviné, c’est un mensonge que je viens de dire. En allant traire, j’ai remarqué près de votre clôture des traces de pas ; à un endroit la neige toute piétinée m’a intriguée ; alors, j’ai regardé pardessus la clôture, et je l’ai vu…

— Qu-i-i ?

Ce cri dura terriblement longtemps, il était tout à fait indéfinissable ; soudain, comme s’ils eussent perdu la tête, tous les assistants se précipitèrent hors de la cuisine, en se poussant les uns les autres ; on