Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je me repris, mais trop tard ; ma mère, les mains appuyées à la table, se leva et scanda :

— Qu’est-ce que cela signifie ?

— Je ne sais pas, avouai-je.

— Dis-moi ce que cela signifie !

— Je dis ça comme ça…

— Pourquoi ?

— C’est amusant !

— File dans le coin !

— Pourquoi ?

Elle répéta tout bas mais d’un ton menaçant :

— Au coin !

— Dans lequel ?

Sans me répondre, elle me dévisagea de telle sorte que je perdis totalement la tête, ne comprenant pas du tout ce qu’elle voulait. Dans l’angle des icônes, il y avait une petite table ronde qui supportait un vase garni d’herbes et de fleurs sèches ; l’autre coin était occupé par le lit ; le troisième, par une malle recouverte d’un tapis ; le quatrième coin, occupé par la porte, n’existait pas.

— Je ne sais pas ce que tu veux ! – déclarai-je, désespérant de la comprendre.

Elle se rassit, garda le silence et s’essuya le front et les joues ; puis elle demanda :

— Grand-père t’a-t-il déjà mis au piquet dans un coin ?

— Quand ?

— Mais, peu importe : un jour ou un autre ! – cria-t-elle, en frappant à deux reprises sur la table.

— Non, je ne me rappelle pas.