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SIXIÈME SIÈCLE

teur. Cependant le courage dont il avait fait preuve dans la lutte et sa résignation dans la défaite lui acquirent le respect des vainqueurs. L’Empereur lui donna un vaste domaine en Galatie où Gélimer termina paisiblement sa vie.

Pendant que l’autorité impériale était rétablie en Afrique, des événements d’une certaine gravité attiraient l’attention sur l’Italie. À la mort de Théodorik Ier en 526, son petit-fils Athalarik lui avait succédé sous la tutelle de sa mère Amalasuintha. Extenué par de précoces débauches, Athalarik s’éteignit à l’âge de dix-sept ans. Amalasuintha dut alors épouser son cousin Théodat, qui la fit étrangler aussitôt après leur union (534). Ce meurtre servit de prétexte à Justinien pour mettre à exécution ses projets sur l’Italie. Bélisaire pénétra dans la Sicile, prit Naples en 535 et entra dans Rome, au mois de novembre 536. Théodat, massacré par ses soldats, avait été remplacé par Vitigès. En mars 537, ce nouveau roi, suivi de cent cinquante mille Goths, vint camper devant l’ancienne capitale du monde. À la suite de plusieurs assauts que Bélisaire repoussa en personne avec un courage héroïque, Vitigès fut contraint de battre en retraite et de se réfugier dans Ravenne. Dans l’intervalle, la Perse ayant été excitée à faire une diversion contre l’empire byzantin, Justinien effrayé prescrivit à son général de traiter immédiatement (540). Bélisaire, qui venait de refuser la couronne que lui offraient les Goths, osa désobéir et déclara qu’il ne déposerait les armes qu’après la prise de Ravenne. Il tint parole, s’empara de la ville assiégée, ainsi que de Vitigès qu’il ramena captif. Il fut disgracié, et malgré l’admiration enthousiaste dont il était entouré, il pleura amèrement la faveur perdue. Elle lui fut rendue lors d’une nouvelle invasion de la Syrie par les Perses. Bélisaire essaya de repousser le roi Khosrou, et, s’il ne put reprendre l’Arménie, il empêcha du moins de nouvelles conquêtes (542). Une trêve fut signée en 544.

L’absence du grand capitaine avait fait perdre en Italie tout le fruit de ses victoires. Les Goths, chassés