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Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/23

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& que des perſonnes compatiſſantes avoient pris ſoin de ſon enfance.

Le Comte.

Heureux ceux qui ont ſi bien placé leurs bienfaits !… Mais c’eſt à lui que je parle. Répondez-moi, Montalais ; je vous ai pris chez moi avec la plus grande confiance ; depuis deux mois que vous y êtes, je ne vous ai fait aucune queſtion : mais lorſque j’ai pourvu à vos beſoins, pourquoi paroiſſez-vous dans ce même état d’indigence ? vous me forcez à ſoupçonner votre conduite… vous vous troublez, avouez-moi tout, & votre juge ſera votre ami.

Le jeune Montalais.

Ah ! M. le Comte, je ſerois indigne de vos bontés, ſi ma conduite étoit irréguliere. Vivre heureux auprès de vous ſans connoître la vertu, ce ſeroit pour moi un effort impoſſible.

Le Comte, à part.

Je ne puis m’en défendre ; ſa candeur eſt naturelle.

Le jeune Montalais.

Mon bonheur ſeroit parfait, s’il n’étoit empoiſonné par l’image de l’infortune de ceux qui me touchent de près.

Le Comte, ſurpris.

Vous m’avez dit que vous étiez ſans parens !

La Fontaine, avec ruſe.

Il veut parler de ſes amis. Quelqu’un d’eux ſans doute