Page:Gouges - Le Prince Philosophe, 1792, I.djvu/172

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passée cinquante ans ; elle veut être belle, quoique ses traits soient effacés et sa fraîcheur flétrie. Je conviens qu’elle seroit intéressante encore, si elle n’avoit point enchaîné à son char une foule de mauvais poètes, qui ont gâté ce que les bons avoient fait pour elle. Ce sont deux horribles maladies pour une femme que de courir après la beauté et l’esprit. Il est impossible de rattraper l’une, quand une fois elle s’est éclipsée. Les chevaliers galans peuvent bien vous procurer l’autre, mais à quel funeste prix ! une femme devient le jouet des railleurs et le sujet des satyres publiques. Il vaudroit mieux qu’elle fût toujours en guerre avec les chanteurs des