Page:Gouges - Le Prince Philosophe, 1792, II.djvu/223

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ne me parloit point de ses charmes. Il revint à Siam à la tête de la flotte ; mon père ordonna un sacrifice ; il voulut que mes innocentes mains couronnassent ce guerrier magnanime ; moi-même je me sentis glorieuse d’un aussi bel emploi. Je le vis arriver au milieu de toute la cour, et aux cris d’allégresse du public : mon père le tenoit par la main ; il me le présenta : je sentis tout-à-coup une révolution terrible, mon cœur se troubla pour la première fois ; mais retenue par la prudence, je n’osois laisser éclater mon agréable surprise. Que le sentiment de l’amour est différent de tous les autres ! plus il est impétueux, moins il éclate ; il ravit les forces, même