Page:Gouges - Le Prince Philosophe, 1792, II.djvu/58

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sur lequel habite la femme que j’ai véritablement aimée, et dont le souvenir ne s’effacera plus désormais de ma mémoire. Elle ignore mes sentimens : sa jeunesse, sa candeur lui firent prendre le change ; et mes alarmes, mes craintes et mes soupirs à moitié étouffés, lui parurent alors les effets de la simple humanité. Elle reçut cependant mon portrait avec une tendre émotion, si je n’ai pas mal interprété le trouble dont elle parut agitée, elle apprendra de mes nouvelles avec plaisir. Souvent je l’ai vue dans mes rêves, tantôt au pied d’un arbre considérant mon portrait et l’arrosant de ses larmes, tantôt au sommet d’un rocher les yeux fixés sur la mer,