Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/178

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Plus doux que le duvet que s’arrache le cygne polaire de dessous les ailes !
Va-t’en dans la fosse.
Cébès
Veux-tu que je t’aide à l’ensevelir ?
Cébès
Oui.
Je le veux. Fais cela avec moi ; et que cela ne soit pas oublié !


Ces premières pages sont bien le signe du tout. Quelle douloureuse tragédie de la mort et du néant ! L’infini humain se réduit à une petite princesse clouée par les mains : il y a un conquérant, « car l’homme est une tragédie dont le héros est le vers conquérant » ; d’ici le dénouement, il faut agir selon une action d’amour égoïste, jouir de tout en méprisant tout. De la nuit éternelle nous allons à travers des obstacles vers la nuit éternelle, nous sommes un drapeau qui flotte une journée au bout d’un mât et qu’on rentre le soir et qui ne reverra jamais la lumière. Que l’enfant de la mort, avant de mourir, secoue sa tête, s’il en a la force et qu’il produise dans l’air la rumeur du chêne dont le vent remue la chevelure. Il n’y a que des gestes ; les uns font du mal, ils sont pareils à