Page:Gourmont - Le IIme Livre des masques, 1898.djvu/48

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qu’un prologue pour Hugues Rebell romancier : on attend de lui des histoires et des combinaisons moins arbitraires, des récits dont la tragi-comédie accoucherait d’une idée. Des idées, il en est riche, autant que le plus opulent penseur d’hier ou d’aujourd’hui : il ne lui manque que de savoir les insérer plus solidement dans le cerveau de ses personnages. Ouvrir les Chants de la pluie et du soleil, c’est tomber dans une mine où l’on puiserait longtemps sans l’appauvrir. Ce sont des poèmes en vers ou en prose, mais où le souci de l’expression est toujours dominé par la volonté de dire quelque chose de nouveau. Le thème fondamental est la joie de vivre, d’être un homme libre, fier, qui ne songe qu’à accomplir son destin naturel, en aimant la beauté, en jouissant de tous les plaisirs des sens et de l’intelligence, et cela sans mesure, sans hypocrisie, avec une fougue ignorante de tous les ménagements et de toutes les morales. C’est un livre tumultueux, grondant, qui donne l’impression d’une gare immense pleine de locomotives, de sifflements, de cris et de baisers d’adieu ou de retour. C’est un livre vraiment tout gonflé d’idées et où la nature, ivre de sève, se fleurit des rouges et des verts les plus puissants. On