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Deux grandes idées, ou plutôt deux grandes sensations, hantent l’œuvre poétique de Mme de Noailles : la peur de la mort et de la nuit, et la recherche du bonheur. On verra qu’elle n’écrivit que pour écarter cette crainte et réaliser ce désir.

La crainte de l’anéantissement final lui fait aimer la vie avec une sorte de frénésie désespérée : elle voudrait laisser au monde une empreinte ineffaçable de son être unique :

Je m’appuierai si bien et si fort à la vie,
D’une si rude étreinte et d’un tel serrement
Qu’avant que la douceur du jour me soit ravie
Elle s’échauffera de mon enlacement.

Je laisserai de moi, dans le pli des collines,
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir,