Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/46

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Et la cigale assise aux branches de l’épine
Fera vibrer le cri strident de mon désir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La nature qui fut ma joie et mon domaine

Respirera dans l’air ma persistante ardeur
Et sur l’abattement de la tristesse humaine,
Je laisserai la forme unique de mon cœur.

Elle dit encore :

Je me suis appuyée à la beauté du monde
Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.

Pourtant, elle comprend avec effroi l’éphéméréité de son être, et qu’un jour ses yeux, qui contemplent les merveilleuses couleurs de la vie, s’empliront de nuit. Mais son œuvre lui donne une illusion d’éternité, mieux, crée, pour elle, réellement cette éternité qu’elle désire. Des êtres viendront après elle qui aimeront sa poésie, l’aimeront elle-même dans l’œuvre qu’elle aura laissée. Ce n’est pas un désir de vanité, mais un besoin réel, physique, de son organisme. Ainsi,