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par mariage avec les Samaritains et d’autres peuplades voisines.

Les Samaritains avaient alors à leur tête un certain Sanballat (Sanaballat), homme d’une indomptable énergie, farouche, tenace et astucieux. Cet homme prétendait sérieusement s’attacher au judaïsme ; il voulait de bonne foi avoir part au Dieu d’Israël et à son temple : mais il ne reculait pas devant la violence, et si on lui refusait le royaume du ciel, il l’eût pris d’assaut ou enlevé par stratagème. Au moyen d’une alliance matrimoniale, il espérait faciliter son accession à la communauté judaïque. C’est ainsi que son ami Tobie, l’Ammonite, était doublement allié à des familles juives : il avait épousé une fille de la noble famille d’Arach, et son fils avait obtenu en mariage la fille d’un certain Meschoullam, personnage de marque. Or, les mariages avec les Ammonites et les Moabites, jusqu’à la dixième génération, étaient formellement défendus par la Loi. Le grand prêtre et d’autres représentants de la république juive, n’osant violer ouvertement la loi, doivent avoir trouvé quelque accommodement, quelque interprétation complaisante pour apaiser les scrupules de leur conscience. Mais tous n’étaient pas aussi souples. Une fraction des meilleures familles s’était conservée pure de ces mésalliances, qu’elle déplorait comme une transgression de la Loi, comme une contamination du principe judaïque par l’introduction d’éléments étrangers. C’est surtout la classe des chantres sacrés, gardiens de la langue hébraïque et des vénérables Écritures de la tradition, qui paraît s’être abstenue de ces unions hétérogènes. Ceux-là s’élevèrent peut-être contre cette indulgence excessive, contre cette faiblesse à l’endroit d’une fusion coupable ; mais ils étaient en minorité, leur rigorisme ne prévalut point.

Lorsqu’une autorité dominante, partie de la terre d’exil, se fut installée dans Jérusalem, cette minorité accentua ses réclamations, et détermina une réaction si décisive que de fâcheuses complications en furent la conséquence.