Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/15

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Le premier fut donc écarté ; l’administration du pays resta exclusivement aux mains de Jésua, et passa, après sa mort, aux mains de son fils Joakim. Avait-on gagné au change ? Si l’histoire ne dit pas de mal des deux premiers grands prêtres, elle n’en dit pas grand bien non plus, et nous ne voyons pas qu’ils aient relevé ni amélioré en rien la situation générale. La défaite du descendant de David n’apporta aucun avantage au pays. Ses ennemis, notamment les Samaritains, recommencèrent de plus belle à représenter les Judaïtes comme un fléau, et obtinrent contre eux, de la cour de Perse, des édits oppressifs. En outre, les divers gouverneurs qui se succédèrent dans le pays, s’ingénièrent à accabler sans cesse les cultivateurs d’exigences exorbitantes. Dans cette terre natale, où les pas des premiers colons s’étaient imprimés avec tant d’ivresse, la seconde et la troisième génération voyaient leur sort empirer de jour en jour.

Pour échapper, au moins partiellement, à ces vexations, les principales familles prirent un parti qui devait leur occasionner plus tard de graves embarras. Elles se rapprochèrent des peuples voisins ou accueillirent amicalement leurs avances, et, pour s’assurer de bonnes relations, s’allièrent avec eux par des mariages. Du temps des juges, à l’époque de leur première immigration en Canaan, la même cause, le même désir, avait produit le même effet. Mais, maintenant, les circonstances n’étaient plus les mêmes. Les Cananéens, les Héthéens et autres peuplades primitives, du pays professaient une abominable idolâtrie et infectaient les Israélites de la contagion de leurs vices. Tout au contraire, les voisins de l’État judaïque, spécialement les Samaritains, avaient renoncé à leurs pratiques païennes et aspiraient sincèrement à prendre part au culte divin célébré à Jérusalem. Au fond, ils étaient ou voulaient être des prosélytes juifs ; ils avaient à cœur d’entrer dans la communion religieuse des Judaïtes, de s’associer étroitement à leur existence. Fallait-il donc les repousser toujours, leur opposer d’inflexibles dédains ? La plupart des familles notables opinaient résolument pour l’admission de ces étrangers, et le grand prêtre (Joakim ou son fils Eliasib) avait donné à cette opinion l’appui de sa grave autorité. Il en résulta que bon nombre de familles, même celle du grand prêtre, s’allièrent