Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/202

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Diogène le Sadducéen, favori d’Alexandre, et plusieurs autres avec lui, qui avaient conseillé ou approuvé le massacre des huit cents Pharisiens, expièrent leur crime par la mort.

En voyant ainsi persécuter leur parti, les principaux d’entre les Sadducéens ne se sentirent plus en sûreté : le glaive de la justice était toujours suspendu sur leur tète, menaçant de les frapper à la moindre infraction religieuse. Dans leur inquiétude, ils se tournèrent vers Aristobule, le second fils de Salomé, qui, tout en n’étant pas attaché au sadducéisme, se constitua leur protecteur. Il s’intéressa chaudement à eux et les recommanda à la clémence de la reine. Lorsque les chefs des Sadducéens comparurent devant Alexandra, ils rappelèrent les services rendus au feu roi, la terreur que leur seul nom inspirait aux voisins de la Judée, ses ennemis. Ils menacèrent d’aller offrir leurs services à Arétas, le roi des Nabatéens, ou aux princes syriens. Ils demandèrent à pouvoir demeurer en sûreté dans quelque forteresse du pays, où ils fussent à l’abri de la surveillance. Le bon cœur de la reine ne put résister aux larmes de ces guerriers blanchis sous le harnais. Elle choisit les plus méritants pour en faire les gouverneurs de ses places fortes. Il n’y eut que trois forteresses, les plus importantes. il est vrai, qu’elle refusa de leur confier : Machérous a l’est de la mer Morte, bâtie par le roi son époux, sur une hauteur escarpée, entourée de précipices ; Alexandrion, à l’ouest du Jourdain, sur une colline nommée Sartoba ; Hyrcanion (ou la montagne du roi), à l’ouest, près de la Méditerranée, bâtie par Hyrcan. Probablement ces forteresses renfermaient d’importants dépôts d’armes. Tigrane, roi d’Arménie, qui commandait à la Syrie presque entière, songea à soumettre à sa puissance tous les pays qui avaient appartenu à ce royaume. Effrayée de ce redoutable voisinage, la reine Alexandra chercha à éviter un conflit avec le roi d’Arménie, en lui envoyant des présents. Tigrane accueillit avec bonté les présents et les envoyés de la reine. Cependant il n’aurait pas renoncé à attaquer la Judée, si l’hostilité de Rome ne l’avait forcé de lever le siège d’Acco et de songer à la sûreté de son propre royaume. En effet, le général romain Lucullus avait envahi son pays (69). La Judée était momentanément débarrassée