Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/355

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ils cherchèrent à pallier les faits et implorèrent le pardon des coupables ; Florus ordonna à ses soldats de piller le quartier des riches. Les Romains se ruèrent comme des démons à travers la ville, envahirent le marché du quartier haut et les rues voisines, égorgèrent hommes, femmes et enfants, saccagèrent les maisons et les mirent au pillage. Ce seul jour (16 iyar 66) vit périr plus de 3.600 Judéens valides. Ceux qui furent faits prisonniers, Florus les fit battre de verges et mettre en croix. C’est en vain que la princesse Bérénice se jeta aux genoux de Florus, le suppliant d’arrêter le massacre : le procurateur ne l’écouta point. Bérénice courut elle-même les plus graves dangers et dut se réfugier dans son palais.

Le lendemain, une immense multitude se réunit dans la ville haute (Sion) à moitié détruite, mêlant à ses lamentations sur les morts des imprécations contre le meurtrier. Les principaux d’entre les Judéens parvinrent, non sans peine, à contenir les colères de cette foule. Cependant Florus, de plus en plus audacieux, exigea comme preuve de soumission que le peuple se portât à la rencontre des troupes qu’il amenait et les saluât de ses acclamations. Ce ne fut pas chose facile aux préposés du temple de décider la foule à obéir, car les patriotes protestaient contre cette nouvelle humiliation et avaient fait partager leurs sentiments à beaucoup de leurs frères. Grâce aux efforts des anciens grands prêtres, le peuple se résigna à faire bon accueil aux troupes. Mais l’arrière-pensée du procurateur se révéla bientôt. Les Judéens avaient fait le pénible sacrifice d’aller au-devant des soldats romains avec des démonstrations amicales : or, ceux-ci, endoctrinés par Florus, les regardaient d’un air farouche, sans répondre à leurs salutations. Au premier murmure que laissa échapper la foule mécontente, les soldats se jetèrent sur elle, la dispersèrent, la foulèrent aux pieds de leurs chevaux. Un désordre effroyable se produisit aux portes de la ville. La route qui conduisait du faubourg de Bézétha dans Jérusalem était jonchée de corps meurtris, écrasés, assommés. En voyant les Romains se diriger vers la forteresse Antonia et le temple, les Judéens avisés comprirent que Florus n’avait d’autre objectif que le trésor sacré, et se hâtèrent de le prévenir. Ils firent pleuvoir sur les soldats une grêle de pierres pour leur