Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/360

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grâce, quittèrent le palais et se réfugièrent dans les trois tours des murailles : Hippicos, Phasaël et Mariamne. Après le départ des Romains, les sicaires, sous la conduite de Menahem, pénétrèrent dans leur camp, où ils égorgèrent tous ceux qui n’avaient pu fuir (6 éloul, août-septembre).

Mais bientôt les zélateurs patriotes durent reconnaître combien pouvait leur nuire le concours des sicaires, dont les excès menaçaient de souiller la sainte cause pour laquelle ils avaient pris les armes. Menahem et ses gens, enflés de leur victoire sur les troupes d’Agrippa, se comportèrent avec une cruauté révoltante. En outre, Menahem réclamait le commandement en chef et montrait en toutes choses une intolérable arrogance. Une altercation s’ensuivit entre Éléazar et Menahem, et des mots on en vint aux voies de fait, lorsque Menahem voulut entrer dans le temple, revêtu des insignes royaux provenant du pillage. Les sicaires furent vaincus. Menahem, qui s’était réfugié dans le quartier de l’Ophia, fut pris et exécuté, et un faible reste de ses bandes, sous la conduite d’Éléazar ben Jaïr, put se mettre à l’abri dans la forteresse de Massada, occupée par leurs compagnons.

Après ce sanglant épisode, les zélateurs, conduits par Éléazar, allèrent assiéger les troupes romaines. Leur chef Métilius se vit enfin réduit à demander grâce. Les délégués des Judéens, avec lesquels il parlementa, promirent aux Romains de les laisser sortir sains et saufs, sans armes ni bagages ; mais ils n’eurent pas plus tôt rendu leurs épées et leurs boucliers, que la bande d’Éléazar se jeta sur eux et les massacra jusqu’au dernier. Seul Métilius, ayant promis, dans sa terreur, d’embrasser le judaïsme, eut la vie sauve et devint le trophée vivant du triomphe remporté sur les Romains. Le jour où Jérusalem fut ainsi purgée de ses ennemis (17 éloul) fut mis au nombre des jours de victoire. La conduite d’Éléazar et de son parti, dans cette circonstance, montre bien la pureté et l’élévation des mobiles qui les faisaient agir. La ville était entre leurs mains, leurs adversaires entièrement à leur merci, et pourtant les sources historiques ne nous offrent aucune trace de persécutions qu’ils auraient exercées.

Or, jusque-là, la révolte n’était pas sortie de son foyer, Jérusalem. Le reste de la Judée, bien que la fermentation n’y fût pas