Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/361

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moindre, était resté, pendant tout le cours de ces événements, dans le calme et l’expectative. Mais Florus, qui, lui aussi, s’était tenu coi dans Césarée, fit si bien que la révolution, comme un fleuve de feu, se répandit dans le pays entier, et même au delà de ses frontières. A la nouvelle de la lutte des zélateurs contre la cohorte romaine de Jérusalem, les Grecs et les Syriens de Césarée tombèrent sur les Judéens qui étaient revenus dans cette ville. Il y eut un massacre effroyable ; environ deux mille Judéens, dit-on, périrent alors, et il est à supposer qu’ils vendirent chèrement leur vie. Il ne resta plus un seul Judéen dans Césarée. Par l’ordre de Florus, les fuyards furent arrêtés, mis aux fers et jetés sur des galères comme esclaves. L’horrible massacre de Césarée inspira à toute la population de Judée comme un enivrement de fureur et exalta sa haine contre les païens jusqu’au délire. Comme par une convention tacite, il se forma partout des bandes qui attaquèrent la population païenne, massacrant les personnes, brûlant les maisons, saccageant les propriétés. Ces expéditions sanglantes provoquèrent des représailles de la part des païens de la Judée et de la Syrie. Beaucoup de villes, soit de Judée, soit de Syrie, étaient séparées en deux camps, qui pendant le jour se combattaient sans relâche et passaient la nuit à s’observer mutuellement. Dans la ville de Bethsan, la haine de race provoqua une scène qui ouvrit la série des horribles suicides, si nombreux dans l’histoire de la destruction du temple. Les habitants païens de cette ville avaient fait un pacte avec la population judaïque et promis de vivre en paix avec elle, si elle voulait les aider à repousser les attaques des bandes ennemies. Les Judéens de Bethsan remplirent loyalement cette condition du traité, combattirent sans pitié leurs propres frères, et les chassèrent du voisinage de leur ville. Dans cette lutte se distingua entre tous un Judéen d’une force colossale et d’un grand courage, Siméon ben Saül. Or dès que les païens se virent hors de danger, ils se jetèrent nuitamment sur les Judéens sans défiance, et tuèrent en masse cette population d’environ treize mille âmes. Seuls Siméon et les siens purent échapper au carnage ; grâce à la défense désespérée de ce héros et à son attitude menaçante, les assassins reculèrent. Mais irrité contre lui-même d’avoir fait cause commune avec des païens contre ses