Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/365

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romaine jusqu’à Antipatris, sans toutefois pouvoir l’atteindre. Ils revinrent à Jérusalem, chargés de riches dépouilles, armes et engins de siège, dont ils se servirent plus tard contre leurs ennemis. Le trésor militaire de Cestius, qui était également tombé entre leurs mains, alla grossir le trésor du temple. Dans cette première campagne contre ces Judéens si dédaignés, l’armée romaine avait perdu environ six mille hommes ; la légion que Cestius avait amenée d’Antioche comme troupe d’élite avait perdu son aigle, ce qui passait chez les Romains pour le comble de l’ignominie et équivalait à une honteuse défaite.

Les zélateurs rentrèrent à Jérusalem (8 marheschwan, octobre) en chantant des hymnes guerriers, l’âme remplie de joyeuses espérances. L’heureuse époque des Hasmonéens semblait revenue, leurs exploits semblaient même dépassés. Ne l’avait-on pas battue, mise en déroute, cette armée romaine partout si redoutée ? En moins de six mois, quel incroyable changement ! Alors tout tremblait devant le timide Florus et sa pauvre troupe, et maintenant les Romains étaient en fuite ! La grâce divine ne les protégeait-elle pas visiblement comme elle avait protégé leurs pères ? Et l’âme des zélateurs s’épanouissait dans la confiance de l’avenir. Comme nous avons, disaient-ils, vaincu les deux capitaines (Métilius et Cestius), ainsi vaincrons-nous leurs successeurs. Ils se croyaient en droit désormais de considérer comme traître à la patrie, comme ennemi du judaïsme quiconque parlait encore de traiter avec les Romains. Pour le moment, les amis de la paix avaient perdu la partie. Ceux qui tenaient pour Rome n’osaient manifester leurs sentiments ; beaucoup d’entre eux quittèrent secrètement Jérusalem ; d’autres feignirent d’épouser les haines patriotiques des zélateurs et d’aspirer à la liberté. Les deux frères hérodiens, Kostobar et Saül, se rendirent en Grèce, auprès de Néron, pour lui expliquer les causes de l’insurrection, en attribuer toute la responsabilité à Florus et assurer l’empereur de l’invariable dévouement de la nation judaïque. Mais les zélateurs, dans l’ivresse de leur victoire, frappèrent des monnaies avec l’inscription : A la délivrance de Jérusalem. Les Samaritains eux-mêmes, renonçant à leurs vieilles rancunes contre les Judéens, firent, en haine de Rome, cause commune avec leurs adversaires de la veille. Seuls les judéo-