Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/47

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acquis un caractère particulièrement religieux. — Le premier soir de la fête du printemps, où l’on mangeait l’agneau pascal, prit également une haute signification à l’époque des sôpherim en vue de réveiller et de raviver chaque année, avec le souvenir de la sortie d’Égypte, le sentiment de la liberté. Dans cette soirée de fête, il était de règle ou d’usage de boire quatre coupes de vin ; les plus pauvres mêmes trouvaient moyen de se procurer la liqueur qui réjouit le cœur de l’homme, ou on la leur procurait par des collectes pour les indigents. Parents et amis se réunissaient en cercle intime autour de la table pascale, non pour célébrer des orgies, mais pour se remettre en mémoire la merveilleuse délivrance d’Israël et glorifier le Dieu de leurs pères ; en souvenir de cet événement, ils mangeaient des herbes amères, rompaient des pains azymes, goûtaient de la chair de l’agneau pascal et faisaient circuler le vin, non pour s’enivrer, mais pour célébrer avec plus d’allégresse la fête commémorative. L’usage s’introduisit peu à peu de se réunir en plus grand nombre ; des groupes de familles amies (chabourah, φρατρέα) s’entendaient pour fêter en commun la soirée de Pâque et manger l’agneau ensemble. On y chantait des psaumes, et cette soirée est devenue, avec le temps, une délicieuse tête de famille.

Les prières instituées par les sôpherim n’avaient pas une forme rigoureusement déterminée, mais l’ordre des idées y était indiqué d’une manière générale. Le rituel du temple servit de modèle pour les synagogues ou maisons de la communauté (béth ha-kenesseth) situées hors de Jérusalem. Le service divin, qui se faisait dans une salle du temple, commençait, le matin, par un ou plusieurs psaumes spéciaux de louanges et d’actions de grâces. L’assemblée y répondait par cette formulé : Loué soit le Dieu d’Israël, qui seul opère des miracles, et loué soit à jamais son nom glorieux, et que sa gloire remplisse toute la terre ! Puis venait une prière de gratitude pour la lumière du soleil, que Dieu dispense à tous les hommes, et pour la lumière de la Thora, qu’il a dispensée à Israël. Suivait la lecture de plusieurs sections du saint livre : le Décalogue ; le Schema, qui affirme l’unité de Dieu et le devoir de l’aimer ; une autre tirade analogue, enfin le paragraphe qui nous met en garde contre les suggestions des yeux