Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/48

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et du cœur. Sur la phrase du Schema : Écoute, Israël, JHWH notre Dieu est un, l’assemblée s’écriait : Loué soit à jamais le nom glorieux de son règne ! — La principale prière se composait de six petits paragraphes, exprimant tour à tour : la reconnaissance envers Dieu, pour avoir jugé les patriarches dignes de le servir ; la confession de la toute-puissance divine, qui se manifeste dans la nature par les pluies fécondantes, et qui se manifestera dans l’humanité par la résurrection des morts ; la confession de la sainteté de Dieu ; le vœu de voir Dieu propice aux prières de ses adorateurs et favorable à leurs sacrifices ; des actions de grâces à l’Auteur et au Conservateur de la vie ; enfin une prière pour la paix, faisant suite aux versets de la bénédiction sacerdotale. — L’après-midi et le soir, la communauté se réunissait de nouveau pour la prière, mais y passait peu de temps, parce que les psaumes d’introduction et la lecture des textes saints y étaient omis.

Les sabbats et jours de fête, l’office du matin ne différait pas sensiblement des autres, sauf qu’on y intercalait un morceau spécial, destiné à faire ressortir la sainteté du jour et à l’inculquer à la conscience du croyant. Ce qui donnait son principal relief à l’office des fêtes, c’est qu’on le terminait par la lecture de sections plus étendues de la Thora. A cette lecture se joignit ultérieurement celle de passages tirés des Prophètes, en tant qu’ils avaient trait à la solennité du jour ou en contenaient l’expression. Cette dernière coutume parait avoir son origine dans l’antagonisme qui avait surgi entre les Judaïtes et les Samaritains. Ceux-ci niaient la sainteté du temple et de Jérusalem, et écartaient absolument les livres des prophètes, tout remplis de la glorification de la Ville de Dieu et du Sanctuaire d’élection. Les représentants du judaïsme jugèrent donc d’autant plus utile d’invoquer le témoignage des prophètes à l’appui de ce dogme, devenu en quelque façon le premier de tous, et de porter ce témoignage, chaque sabbat et chaque jour de fête, à la connaissance des croyants. Elle retentit donc de nouveau dans les maisons de prière, cette parole des prophètes, jadis si peu écoutée et si mal respectée de leurs contemporains, et, bien que la plupart la comprissent à peine, leurs âmes y puisaient un religieux enthousiasme.