Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/95

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longue barbe ; cette statue était debout sur un âne et tenait en main un livre. Il l’avait considérée comme le simulacre du législateur Moïse, qui avait enseigné aux Israélites une doctrine abominable, ennemie de l’humanité, leur avait enjoint de se tenir à l’écart des autres peuples et de ne leur témoigner aucune bienveillance. Le bruit s’accrédita depuis lors, chez les Grecs et les Romains, qu’Antiochus avait trouvé dans le temple une tête d’âne en or, à qui les Juifs rendaient de grands honneurs, partant qu’ils adoraient un âne. C’est encore Antiochus, probablement, qui a donné cours ou prétexte à une calomnie infâme contre les Judéens : il aurait trouvé dans le temple un Grec couché sur un lit et qui l’aurait supplié de le délivrer. Les Judéens, disait-on, avaient coutume, chaque année, d’engraisser un Grec, de l’égorger, de goûter de ses entrailles, et, à cette occasion, de jurer haine à mort à tous les Grecs. Que cette calomnie émane réellement d’Antiochus ou lui ait été prêtée par des artisans de mensonge, elle a fait, en tout cas, au judaïsme une réputation aussi triste qu’imméritée, celle de manquer de charité envers les autres peuples. Voilà où devait aboutir la maladie de l’hellénisme, cette assimilation poursuivie depuis un demi-siècle aux dépens des bonnes mœurs et des saines traditions du judaïsme !

Un voile de deuil s’étendait sur Jérusalem, humiliation et la honte pesaient sur la maison de Jacob. Princes et Anciens gémissaient, jeunes gens et jeunes filles s’enveloppaient de tristesse, la beauté des femmes avait disparu ; le marié se lamentait au lieu de chanter ses amours, et la fiancée pleurait dans la chambre nuptiale... Mais on n’était pas au bout, et des jours plus tristes encore étaient réservés à la Judée. Antiochus entreprit une seconde expédition sur l’Égypte, et, pour la seconde fois, les Judéens allaient porter la peine de son échec et de sa méchante humeur. Les Romains étant encore absorbés par la guerre de Macédoine, Antiochus jugea le moment favorable pour envahir de nouveau l’Égypte ; il y entra sans rencontrer de résistance et, cette fois encore, s’avança jusqu’aux portes d’Alexandrie. Les rois d’Égypte avaient envoyé des délégués à Rome, demandant avec instance au sénat de ne pas les abandonner, de venir à leur secours. Là-dessus, trois délégués romains reçurent