Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 2.djvu/96

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mission de se rendre auprès d’Antiochus pour couper court à ses projets. Après leur victoire à Pydna, où l’armée macédonienne fut battue et le roi Persée contraint de fuir (22 juin 168), les délégués romains se rendirent au camp d’Antiochus et lui enjoignirent, au nom du sénat, d’évacuer l’Égypte à bref délai. Le roi de Syrie ayant demandé à réfléchir, l’impérieux Popilius Lénas traça aussitôt un cercle avec sa baguette et lui défendit de le franchir avant d’avoir opté, ou pour l’amitié des Romains, ou pour la guerre. Antiochus connaissait l’inflexibilité romaine, il renonça à son expédition. Furieux et mécontent de lui-même après cette humiliation, Antiochus l’Illustre rentra dans sa capitale. Il se sentait d’autant plus mortifié et mal à l’aise, qu’il était contraint de paraître enchanté et de faire bon visage aux Romains. Cette fois encore à ne trouva rien de mieux, pour décharger sa colère, que d’exercer les plus atroces cruautés sur les Judéens. S’étaient-ils réjouis de son échec et l’avaient-ils trop fait voir ? Avaient-ils dit trop haut que leur Dieu, qui se plait à abaisser les superbes, lui avait infligé cette honte ?... Un de ses lieutenants, Apollonius, ci-devant gouverneur de la Mysie, entra dans la capitale judaïque : son langage était amical, ses intentions pacifiques en apparence. Soudain, un jour de sabbat, jour où les Judéens ne se battaient point, il tomba sur les habitants avec sa soldatesque brutale, troupe de mercenaires grecs ou macédoniens habitués au sang ; hommes et jeunes gens furent massacrés, femmes et enfants faits prisonniers et vendus comme esclaves. Apollonius fit aussi démolir nombre de maisons et abattre les remparts de Jérusalem : elle ne devait plus compter parmi les villes notables. Pourquoi le tyran et ses bordes sauvages auraient-ils épargné le sanctuaire ? Sans doute, il ne s’agissait pas de l’anéantir ; Antiochus avait ses raisons, il voulait le conserver pour une autre fin. Mais leur rage se soulagea sur les ouvrages extérieurs, ils brûlèrent les portes de bois, saccagèrent les galeries à coups de hache et de marteau. Ceux des habitants qui purent échapper au carnage cherchèrent leur salut dans la fuite. Seuls, les Hellénistes, les soldats syriens et les étrangers se prélassèrent sur les places désolées : Jérusalem était devenue étrangère à ses propres enfants. Le temple aussi fut délaissé ; prêtres