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CHAPITRE VIII


Dissensions dans le judaïsme. — Obligation de porter la rouelle
(1205-1236)


Avec Maïmonide, cet esprit d’une si large envergure, la civilisation juive du moyen âge avait atteint son point culminant. Après sa mort, ses idées furent discutées avec une ardeur passionnée et produisirent la division dans le judaïsme. L’Église, dont les prétentions allaient en croissant, se mêla aux querelles des Juifs, et, pour attiser la discorde et nuire à la Synagogue, qu’elle détestait, telle employait tantôt la ruse et tantôt la violence. La disparition de Maïmonide et l’omnipotence papale eurent pour les Juifs les plus funestes conséquences.

Du vivant de Maïmonide, les communautés juives de l’Orient comme de l’Occident suivaient avec empressement sa direction. Lui mort, le judaïsme n’avait plus ni chef, ni conseiller. Son fils Aboulmeni Abraham (né en 1185 et mort en 1254) avait bien hérité de sa situation et même de son caractère, mais il n’avait ni la grande intelligence ni la force de travail de son père. Il était médecin du sultan Alkamel, frère de Saladin, et dirigeait l’hôpital du Caire avec l’historien de la médecine et de la littérature arabes, Ibn Abi Obsaibiya. Il était assez versé dans le Talmud pour pouvoir repousser les attaques dirigées contre l’érudition de son père et publier des consultations rabbiniques. Il avait aussi étudié la philosophie et composa un ouvrage pour concilier l’Aggada avec les données de la philosophie du temps. Mais tout ce qu’il savait, il l’avait emprunté aux autres, n’ayant ni originalité, ni vigueur d’esprit, et se contentant de s’assimiler le mieux possible les idées de son père. Il était cependant très estimé, mais manquait d’autorité.