Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/179

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habituel de l’Église envers ceux qu’elle ne pouvait pas convaincre autrement.

En Italie aussi, où régnait pourtant un prince libéral et éclairé, l’empereur Frédéric II, qui avait à sa cour des savants juifs chargés de traduire de l’arabe en latin des œuvres philosophiques, la papauté parvint à imposer la rouelle aux Juifs. Ce fut surtout dans le midi de la France que les édits d’Innocent III contre les Juifs furent appliqués avec une implacable dureté. Dans cette contrée, le fanatisme catholique avait été surexcité par la lutte contre les Albigeois. Ces derniers anéantis, on se rua sur les Juifs. Les moines prêcheurs, disciples de saint Dominique, glorifiaient le christianisme par les tortures et les bûchers. Pour la moindre infraction aux lois de l’Église, on était appelé devant leur tribunal. Il suffisait d’être trouvé possesseur d’une Bible en langue provençale pour être taxé d’hérésie. Leurs collègues de l’ordre de Saint-François d’Assise, les frères mineurs, leur prêtaient main-forte dans leurs hautes œuvres. Aussi la situation des Juifs devint-elle intolérable.

Du reste, vers cette époque, parurent à la fois sur la scène de l’histoire quatre personnages qui s’inspirèrent soi-disant de leurs sentiments de chrétiens pour rendre l’existence des Juifs plus misérable et plus douloureuse qu’elle n’avait jamais été. C’était d’abord le pape Grégoire IX, ennemi implacable de l’empereur Frédéric II, qui provoqua des dissensions en Allemagne et détruisit la grandeur et l’unité de ce pays. C’était ensuite le roi de France Louis IX, surnommé le Saint, qui, dans la simplicité de son cœur et l’étroitesse de son esprit, croyait accomplir une œuvre pie en persécutant les Juifs. À côté de lui, on trouve son contemporain Ferdinand III, de Castille, surnommé également le Saint par l’Église, parce qu’il mettait lui-même le feu aux bûchers où il faisait monter les hérétiques. À ces trois souverains il faut ajouter le général des dominicains, Raimond de Peñaforte, grand pourfendeur d’hérétiques.

Poursuivis ainsi par la haine acharnée de ceux qui occupaient les plus hautes situations dans la catholicité, les Juifs ne trouvèrent bientôt plus un seul pays où ils pussent vivre en sécurité. En Hongrie, qui était également habitée par des musulmans