Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/186

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Dans cette lutte ardente entre amis et ennemis de Maïmonide, qui s’attaquaient en de longues épîtres et s’excommuniaient réciproquement, les combattants égayaient un peu leurs querelles par des épigrammes plus ou moins spirituelles. Un adversaire disait du Guide et de ses partisans :

Tais-toi, Guide d’aveugles ! Tes doctrines sont inouïes !
C’est un péché de considérer la Bible comme un poème,
Et la prophétie comme un rive.
À quoi un maïmoniste répliqua :
Silence à toi-même ! Ferme ta bouche, par où passent tes sottises.
Inaccessibles sont à ton intelligence et la poésie et la vérité.

Bien plus actifs et plus remuants que leurs adversaires, les maïmonistes parvinrent à faire déposer les armes aux rabbins du nord de la France, qui consentirent à cesser leurs attaques contre Maïmonide. Nahmani était mécontent de cette capitulation, mais forcé d’accepter le fait accompli, il voulait, du moins, avoir le mérite de rétablir la paix dans le judaïsme, et il proposa la réconciliation aux rabbins français, aux conditions suivantes. On lèverait l’anathème prononcé contre la partie philosophique du code religieux de Maïmonide, mais on continuerait d’excommunier ceux qui étudieraient le Guide ou médiraient du Talmud. Cette sentence serait acceptée aussi bien par les rabbins de Provence que par ceux du Nord, et même par Abraham Aboulmeni, fils de Maïmonide. Dans son désir de la paix, Nahmani oubliait qu’un même principe avait inspiré les deux œuvres, le code religieux comme le Guide, et qu’il était illogique d’excommunier l’une et d’approuver l’autre. Il se trompait aussi en croyant qu’on pour. rait opposer une barrière aux spéculations philosophiques. Pour le moment, la réconciliation entre les deux partis était impossible, et, malgré la tentative de Nahmani, la lutte reprit avec une nouvelle ardeur.

David Kimhi pensait qu’en obtenant l’appui de la communauté de Tolède, les maïmonistes porteraient un coup décisif à leurs adversaires, et, dans ce but, il entreprit un voyage en Espagne. Mais en route il tomba malade, et sur son lit de douleur il écrivit une