Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/235

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familles furent noyées. Ce forfait ne resta cependant pas impuni. Quand les autorités en furent informées, elles condamnèrent le capitaine à être pendu. Hais bien des crimes de ce genre ont sans doute été commis sans qu’ils aient été dévoilés et leurs auteurs punis !

Les Juifs de la Guyenne, alors province anglaise, furent compris dans la proscription générale. Ils se rendirent en France, où Philippe le Bel les autorisa d’abord à s’établir. Bientôt après, le roi Philippe changea d’avis et, d’accord avec le Parlement, il décréta que les Juifs exilés de l’Angleterre et de la Guyenne devraient avoir tous quitté la France à la mi-carême (1291).

À voir les maux qui, dans tous les pays, s’abattaient alors sur les Juifs, on dirait vraiment que l’infortune se plaisait à s’attacher à eux, pour les suivre comme leur ombre partout où ils allaient. Un instant, un rayon de bonheur avait lui pour eux en Orient, et voici de nouveau l’horizon qui s’assombrit. Saad-Addaula, le médecin du khan Argua, qui avait remis un peu d’espoir dans leurs cœurs endoloris, causa, malgré lui, bien du mat aux Juifs de son pays. Il sait qu’il avait appelé l’attention de son souverain sur les malversations de ses fonctionnaires. À la suite de ses conseils, il fut envoyé à Bagdad, en 1288, pour vérifier les comptes des divers fonctionnaires de cette ville.

Élevé, à son retour, à la dignité de ministre des finances (été de 1288), il reçut alors ce titre d’honneur de Saad-Addaula qui signifie appui du royaume. Comme le khan n’aimait pas les musulmans, Saad-Addaula confiait les emplois difficiles aux chrétiens et aux Juifs, et naturellement il favorisait particulièrement ses amis et ses parents. Peu à peu, il inspira une telle con-fiance à son maître que nulle affaire d’État un peu importante n’était traitée sans son concours. Ce fut sans doute sur son conseil qu’Argus noua des relations diplomatiques avec l’Europe, qui lui offrit son appui pour rejeter les musulmans hors de la partie antérieure de l’Asie et surtout de la Palestine. Le pape se flattait même que le khan embrasserait le christianisme.

Sous l’administration du ministre juif, qui tenait à honneur de mériter la confiance que lui témoignait son souverain, l’arbitraire et la violence firent place à la justice et à la probité. Comme les