Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/236

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Mongols ne possédaient pas encore de code, Saad-Addaula introduisit en Perse la partie civile et pénale de la législation musulmane. Le ministre juif encourageait également la science et les lettres, il protégeait les poètes et les savants. Sa munificence et ses sentiments élevés étaient célébrés en prose et en vers.

Mais si Saad-Addaula était aimé des chrétiens et des Juifs, les musulmans, tenus éloignés de tous les emplois publics et irrités d’être sacrifiés à ces chiens de mécréants, lui avaient voué une haine implacable ; leurs prêtres et leurs savants complotèrent sa perte. Dans le but de surexciter la fanatisme musulman, ils répandirent le bruit que Saad-Addaula voulait créer une nouvelle religion, dont le khan Argun serait le législateur et le prophète, et qu’il préparait une expédition pour s’emparer de La Mecque, placer des idoles dans le lieu saint de la Caaba et contraindre les mahométans à redevenir païens. Une secte de brigands, les assassins, fondée tout spécialement pour tuer les ennemis réels ou supposés de l’islamisme, résolut de le mettre à mort avec toute sa famille. Le complot échoua.

Malheureusement, parmi les Mongols aussi, Saad-Addaula s’était attiré bien des haines. Il avait d’abord contre lui tous les fonctionnaires dont il avait divulgué les malversations et autres actes coupables. Les commandants militaires également le détestaient, parce que souvent il avait dei les rappeler à l’obéissance de la loi. Aussi, lorsque Argun tomba malade (novembre 1290), tous les mécontents se liguèrent contre le ministre juif, et quand ils virent que le khan était définitivement condamné, ils se hâtèrent de mettre à mort son ministre juif avec ses autres favoris (mars 1291) et envoyèrent des messagers dans les diverses provinces pour mettre aux fers tous les parents de Saad-Addaula, confisquer leurs biens et réduire leurs femmes et leurs enfants en esclavage. Les musulmans allèrent plus loin, ils se ruèrent indistinctement sur tous les Juifs, pour les massacrer. À Bagdad, les Juifs se défendirent avec énergie et tuèrent un grand nombre de leurs agresseurs.

Et pourtant, malgré les maux terribles dont ils étaient accompagnés, ce ne furent ni les persécutions, ai l’exil, ni même les massacres qui eurent, à cette époque, les plus fâcheuses conséquences pour les Juifs. Un autre malheur, plus grave, les atteignit,