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munauté pour obtenir une rançon plus élevée. Grâce à l’intervention de Hasdaï, alors tout-puissant à la cour, le khalife Abdul Rahman III fit renoncer l’amiral à ses prétentions. Ce souverain s’était montré très empressé à donner satisfaction, dans cette question, à la communauté juive, parce qu’il voyait avec déplaisir des sommes considérables sortir tous les ans de son royaume pour soutenir le gaonat, placé sous l’autorité d’un khalifat ennemi. Il était donc enchanté que ses sujets juifs pussent se rendre indépendants de l’académie de Pumbadita en fondant une école talmudique à Cordoue.

De leur côté, deux des anciens compagnons de Moïse créèrent au Caire et à Kairouan des écoles talmudiques, qui devinrent des foyers d’instruction pour l’Égypte et le khalifat des Fatimides, et permirent à ces pays de cesser leurs relations avec le gaonat.

Mais parmi ces diverses contrées, l’Espagne ou l’Andalousie musulmane jouissait seule d’une situation politique et intellectuelle assez heureuse pour pouvoir aspirer à devenir le centre de la science juive et à enlever à la Babylonie la direction spirituelle du judaïsme. L’Égypte n’était pas indépendante, elle n’était qu’une province de l’empire fatimide. Du reste, elle n’offrait pas de terrain propice pour la haute culture intellectuelle et était condamnée à rester, ce qu’elle a toujours été et ce qu’elle est encore aujourd’hui, un grenier de blé. L’empire des Fatimides, fondé en Afrique, en face des côtes d’Italie, paraissait offrir des conditions plus favorables. Les Juifs de Kairouan, la capitale des Fatimides, avaient témoigné de tout temps d’un intérêt très vif pour l’étude du Talmud et les recherches scientifiques. Avant l’arrivée de Huschiel, ils possédaient déjà une école, dont le chef portait le titre de président de l’assemblée (Resch Kalla, Rosch). Quand Huschiel vint parmi eux, ils le placèrent à la tête de leur école avec le titre de Rosch et lui fournirent les moyens nécessaires pour développer l’enseignement du Talmud. Pendant son séjour à Kairouan (950-980), Huschiel forma deux élèves remarquables, son fils Hananel et un indigène nommé Jacob ben Nissim ibn Schahin. À cette époque, vivait également à Kairouan un disciple d’Isaac Israeli, le médecin et favori des deux premiers khalifes fatimides ; il s’appelait Abousahal Dounasch (Adonim) ben Tamim.