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Abousahal Dounasch (vers 900-960) était le médecin du troisième khalife fatimide Ismael Almanzour ibn u’l Kaïm ; il avait peut-être déjà exercé ces fonctions auprès du père de ce prince. Originaire de l’Irak, il vint dès son jeune âge à Kairouan, on, sous la direction d’Isaac Israeli, il étudia toutes les sciences connues de son temps. Il a écrit des ouvrages sur la médecine, l’astronomie et les chiffres indiens. Sa réputation était tellement grande chez les Arabes que, pour l’accaparer au profit de l’islamisme, ils répandirent le bruit que Dounasch s’était fait musulman. Cette information est fausse. Le disciple d’Israeli resta fidèle au judaïsme jusqu’à la fin de sa vie. — Dounasch était en correspondance avec Hasdaï, pour qui il composa un opuscule astronomique sur le calendrier juif.

Sans être un savant éminent, Dounasch aurait certainement pu créer à Kairouan un mouvement scientifique juif qui, de cette ville, se serait étendu dans des régions plus éloignées si, par son origine même, le khalifat fatimide n’avait offert un terrain rebelle à toute culture juive. La dynastie des Fatimides, fondée par un imposteur qui se faisait passer pour le vrai imam et le mahdi, était forcément intolérante. Pour développer sa puissance, elle avait besoin de soldats fanatiques, et son principal instrument de propagande religieuse était le glaive. Dans de telles conditions, il était impossible que la civilisation juive prît racine dans l’empire des Fatimides.

Elle pouvait encore bien moins se développer dans les pays chrétiens d’Europe, qui à cette époque, étaient presque barbares. Les Juifs de ces contrées ressemblaient sous ce rapport à leurs concitoyens des autres confessions. Ce n’est qu’en Italie qu’on trouvait quelques rares talmudistes, mais sans valeur sérieuse. En général, les juifs italiens n’ont montré d’originalité dans aucune science, ils sont presque toujours restés les disciples laborieux et zélés de maîtres étrangers. Aussi ne se faisait-on pas faute en Babylonie de se moquer des sages de Rome, c’est-à-dire de l’Italie. Même Sabbataï Donnolo, le représentant de la science juive en Italie du temps de Saadia, était une individualité de valeur moyenne, pour ne pas dire médiocre. Il doit sa réputation à sa vie accidentée bien plus qu’à son savoir.

Sabbataï Donnolo (Domnoulos), né en 913 et mort vers 970,