Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/327

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Il alla ensuite à Avignon, où l’orgueilleux et entêté cardinal Pedro de Luna venait d’être élu antipape sous le nom de Benoît XIII et où la lutte des deux pontifes lui offrait une occasion favorable pour intriguer et obtenir de l’avancement. Grâce à son habileté, son zèle et sa facilité de parole, Paul gagna les bonnes grâces du pape, qui voyait en lui un instrument qui pouvait lui être très utile. Nommé archidiacre et chanoine, Paul aspira à devenir évêque et même cardinal. Du reste, les circonstances étaient propices, et le rabbin converti savait en profiter. Pour se faire valoir, à assura qu’il n’était pas un prêtre ordinaire, ayant une origine plébéienne, mais qu’il descendait de l’ancienne noblesse juive, de la tribu de Lévi, d’où était également sortie la Vierge Marie, et que pour cette raison il avait pris le nom de Santa-Maria. Sur la recommandation du pape, le roi de Castille, Henri III, le combla de faveurs. Son ambition trouva donc satisfaction.

Une fois converti, Paul voulait également convertir ses anciens coreligionnaires. Il ne craignit même pas de faire des tentatives de prosélytisme auprès de deux des personnages les plus considérables du judaïsme espagnol, auprès de Joseph Orabuena, médecin à la cour du roi de Navarre Charles III et grand-rabbin des communautés de ce pays, et de Meïr Alguadès, grand-rabbin de Castille et médecin du roi Henri III. Voyant que ses efforts restaient vains, il se mit à diriger toutes sortes d’accusations contre les Juifs pour provoquer contre eux de nouvelles persécutions. Sa conduite indigna même le cardinal de Pampelune et d’autres prélats, au point qu’ils lui intimèrent l’ordre de cesser ses calomnies. Aveuglé par sa haine contre ses anciens coreligionnaires, ou craignant peut-être que l’un d’eux ne le supplantait dans les bonnes grâces du roi, il conseilla à Don Henri III de défendre l’accès des emplois publics non seulement aux Juifs, mais aussi aux nouveaux chrétiens. Même dans ses explications de la Bible, il manifestait sa malveillance pour le judaïsme et les Juifs. Ces agissements montraient aux Juifs que cet apostat était leur plus implacable ennemi, et les plus intelligents d’entre eux se préparèrent à se défendre contre lui. Mais la lutte était bien inégale. Les représentants du christianisme avaient une liberté de parole absolue, et, de plus, ils disposaient de la prison et des