Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/328

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tortures pour faire triompher leurs idées, tandis que les Juifs étaient obligés de voiler en quelque sorte ce qu’ils voulaient dire et d’employer toute sorte de circonlocutions pour ne pas blesser leurs dangereux adversaires. Aussi faut-il accorder toute son admiration à ces quelques Juifs qui eurent le courage, malgré les périls qu’ils savaient suspendus sur eux, de plaider publiquement et avec énergie la cause de leur religion.

Les hostilités contre Paul de Santa-Maria furent ouvertes par le médecin Josua ben Joseph Lorqui, de Canis, un de ses anciens disciples. Dans une lettre écrite avec une feinte humilité et le respect apparent d’un élève pour son maître, Josua Lorqui porta des coups sensibles à Paul de Santa-Maria, et, sous prétexte d’ex-poser simplement ses doutes, il s’attaqua aux dogmes chrétiens. Au début de son épître, il déclare que l’abjuration de son maître bien-aimé, qui lui a enseigné les vérités du judaïsme, l’a fortement surpris et troublé dans sa quiétude de croyant. Il lui parait impossible d’admettre, ajoute-t-il, qu’il se soit converti par ambition ou par cupidité, encore moins par suite de doutes, puisqu’il a accompli rigoureusement toutes les pratiques de sa religion jusqu’au moment de son baptême. Aura-t-il peut-être été mû par la crainte de voir ces sanglantes persécutions faire disparaître la race juive ? Il doit pourtant savoir que la plus grande partie des Juifs sont établis en Asie, où ils jouissent d’une assez grande indépendance, et qu’en supposant même qu’il plaise à Dieu de laisser périr les communautés juives des pays chrétiens, la race juive n’en continuera pas moins à fleurir ailleurs. Ce ne peut donc être que par conviction, et après un examen attentif du christianisme, que Paul a embrassé cette dernière religion. Il le prie, par conséquent, de lui faire partager ses croyances en l’aidant à combattre les doutes que sa raison lui suggère contre les dogmes chrétiens.

Lorqui développe alors ses doutes avec une grande vigueur, et, dans son exposition, il ne cesse d’accabler Paul de ses traits acérés. Celui-ci y répondit, mais d’une façon évasive, sans oser s’attaquer de front aux arguments de Lorqui.

Hasdaï Crescas entra également en lice pour défendre le judaïsme. Dans un ouvrage qu’il composa vers 1396, à l’instigation