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CHAPITRE XIII


Une légère accalmie dans la tourmente
(1420-1472)


Sous le pontificat de Martin V, l’Église fut secouée par une assez forte commotion. Bien des chrétiens sincères et honnêtes étaient révoltés de l’orgueil démesuré des papes, des mœurs corrompues du clergé séculier et des moines, et leur foi en était profondément atteinte. On sentait bien, parmi les catholiques, qu’il était nécessaire d’introduire des modifications dans l’Église, et le concile de Constance, composé de prélats, de juristes et de diplomates, s’était réuni dans ce but. Mais au lieu d’appliquer des remèdes énergiques, ils proposèrent un simple palliatif. Ils décidèrent que les pouvoirs étendus que possédaient les papes seraient, congés à.une assemblée de hauts dignitaires ecclésiastiques. C’est alors.qu’à l’exemple de l’Anglais Wiclef, un prêtre tchèque, Jean Huss, de Prague, attaqua hardiment l’institution même de la papauté et toute la constitution de l’Église catholique. Le concile de Constance le condamna à être brûlé vif. Mais il laissa en Bohême de nombreux partisans, qui déclarèrent une guerre à mort au catholicisme.

Il est à remarquer que toutes les fois qu’un parti s’est constitué dans la chrétienté pour combattre l’Église régnante, il a pris une couleur biblique, c’est-à-dire juive. Pour les hussites, les catholiques étaient des païens, tandis qu’eux se considéraient comme le peuple d’Israël, chargé par Dieu de lutter contre les Philistins, les moabites et les Ammonites, et ils détruisaient les églises et les couvents comme étant des lieux souillés par le culte des idoles.

On aurait pu espérer que la lutte entre catholiques et hussites écarterait des Juifs, pour un peu de temps, les souffrances qu’on