Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quelques années plus tard, après les prédications de Capistran, changement de ton complet ! Ému des plaintes de ses ouailles, dit cet évêque, il se voit contraint de prendre des mesures contre les Juifs (1453). Il leur prescrit de vendre tous leurs biens-fonds avant le mois de janvier de l’année suivante et d’émigrer quinze jours après, de façon qu’il n’y ait plus un seul Juif dans son évêché. Ordre était donné en même temps aux villes, aux comtes, aux seigneurs et aux juges de faire partir les Juifs.

Ce fut surtout en Silésie que Capistrano se montra digne du titre de fléau des Hébreux dont le qualifiaient ses admirateurs. Cette province, dont la moitié appartenait à la Pologne et l’autre moitié à la Bohème, renfermait alors deux communautés importantes, celles de Breslau et de Schweidnitz. Invité par l’évêque Pierre Nowak, de Breslau, à venir reprocher à son clergé sa conduite scandaleuse. Capistrano se rendit dans cette ville, réunit les ecclésiastiques dans l’église, et là, toutes portes closes, il leur fit honte de leurs mœurs déréglées. Ce devoir accompli, il s’éleva avec sa violence habituelle contre les hussites et les Juifs. Sa guerre contre les Juifs qui fut rendue facile, grâce à un bruit qui se répandit à Breslau pendant qu’il y séjournait.

Un des plus riches Juifs de cette ville, nommé Meyer, qui avait de nombreux débiteurs dans la bourgeoisie et la noblesse, fut accusé d’avoir acheté à un paysan une hostie, qu’il aurait ensuite percée et profanée et dont il aurait envoyé une partie aux communautés de Schweidnitz et de Liegnitz. Naturellement, le sang coula de l’hostie ainsi perforée. Cette fable absurde trouva créance auprès des conseillers de Breslau, qui firent incarcérer tous les Juifs de la ville, confisquèrent leurs biens et, ce qui importait surtout aux yeux des meneurs, mirent la main sur leurs titres de créance, d’une valeur d’environ 25.000 florins or de Hongrie (1453). Comme plusieurs de ces malheureux avaient essayé de prendre la fuite, le peuple crut avec plus de conviction encore à cette accusation. Sur l’ordre de Capistrano, qui dirigeait le procès, plusieurs des inculpés furent mis à la question, et, pour échapper à de nouvelles tortures, avouèrent tout ce qu’on voulait.

À cette accusation vint bientôt s’en ajouter une autre. Par haine contre ses anciens coreligionnaires, une Juive convertie déclara