Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/41

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Malgré le zèle et le dévouement de Scherira, l’académie de Pumbadita continuait à décliner. On était devenu indifférent en Babylonie aussi bien pour les études talmudiques que pour la science, et ce pays était si pauvre en hommes instruits, que Scherira était obligé d’élever à la dignité de président de tribunal, c’est-à-dire de vice-gaon, son fils Haï, excellemment doué, il est vrai, mais alors à peine âgé de seize ans. Un autre inconvénient, c’est que le gaon avait perdu en partie son autorité. Des calomniateurs ne craignirent pas de porter contre Scherira une accusation, dont on ne tonnait pas le caractère, auprès du khalife Alkadir (vers 997). À la suite de cette accusation, Scherira et son fils furent emprisonnés et leurs biens confisqués. Sur les démarches d’amis, ils furent remis en liberté et réintégrés dans leurs fonctions. Mais à cause de son grand âge, Scherira se démit de sa dignité et en investit son fils (998). Il mourut quelques années après.

Haï avait trente ans quand il succéda à son père. Il inspirait à tous une telle sympathie que le samedi, à la fin de la section hebdomadaire de la Thora, on récitait en son honneur le passage biblique où Moïse demande à Dieu de lui donner un successeur digne de diriger le peuple, et l’on ajoutait : Haï était assis sur le siège de son père Scherira, et son autorité était solidement établie.

Pendant que la civilisation juive déclinait graduellement en Orient et arrivait peu à peu à une complète décadence, elle s’épanouissait pleine de vigueur sur les bords du Guadiana et du Guadalquivir. Dans les communautés andalouses, on cultivait avec une activité féconde les diverses branches des connaissances humaines ; maîtres et élèves rivalisaient de zèle et d’ardeur. Ces magnifiques résultats étaient certainement dus à la libéralité de Hasdaï, à l’enseignement de Moïse ben Hanok et aux travaux de Ben Sarouk et de Ben Labrat. La semence avait été bonne et abondante, la moisson fut brillante. En Andalousie, parmi les juifs comme parmi les musulmans, les savants et, en général, les esprits cultivés étaient honorés et nommés aux plus hautes dignités. À l’exemple de l’illustre Abdul Rahman, des princes chrétiens et musulmans d’Espagne appelaient à leur cour des conseillers et des ministres juifs. Ceux-ci se faisaient pardonner leur situation par leur bonté et leur générosité, et, à l’instar de Hasdaï, ils encourageaient