Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/442

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qui lui succéda, sembla vouloir mettre fin aux souffrances des Juifs établis dans son royaume. Informé qu’une partie des exilés espagnols n’étaient restés en Portugal, après le délai convenu, que forcés par les circonstances, il remit en liberté ceux qui avaient été réduits en esclavage. Il refusa même l’argent que, par reconnaissance, les affranchis lui offrirent. Il est vrai qu’en les traitant ainsi avec douceur, il nourrissait l’espoir, d’après son biographe, qu’ils se décideraient plus facilement à se convertir. Il défendit également aux prédicateurs de continuer leurs excitations contre les Juifs.

À sa cour vivait, honoré et respecté, le mathématicien et astronome juif Abraham Zacuto, venu à Lisbonne du nord de l’Espagne ; Manoël l’attacha à sa personne comme astrologue. Mais Zacuto, tout en ayant des idées assez étroites et en ne sachant pas se préserver des superstitions de son temps, ne se contentait pourtant pas de prédire au roi les événements futurs d’après l’inspection des constellations ; il lui rendit d’importants services par ses connaissances astronomiques. Outre ses tables, il composa encore un autre ouvrage astronomique, et, au lieu de l’instrument en bois dont on se servait jusqu’alors pour mesurer les hauteurs.des astres, il en fabriqua un en métal qui fournissait à la navigation des données plus précises.

Malheureusement, le répit accordé aux Juifs par Manoël ne fut que de très courte durée. Dès que le jeune souverain fut monté sur le trône de Portugal, les rois catholiques d’Espagne songèrent à faire de lui un allié en se l’attachant par un mariage. Ils lui firent donc proposer pour femme leur plus jeune fille, Jeanne, que sa jalousie excessive et ses manières de folle devaient rendre.plus tard si célèbre. Manoël était tout disposé à s’apparenter à la famille royale d’Espagne, mais désirait se marier avec une sœur plus âgée de Jeanne, Isabelle II, qui avait épousé peu auparavant l’infant de Portugal et était devenue veuve peu de temps après son mariage.

Fermement décidée, d’abord, à ne pas se remarier, Isabelle modifia sa résolution sur les instances de son confesseur, qui lui fit comprendre de quelle utilité serait pour le christianisme son union avec le roi de Portugal. On espérait, en effet, à la cour