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AVANT-PROPOS.

d’ailleurs, au vie siècle, il ne semble pas y avoir de monastère d’Aaron, puisque Jean d’Asie, dans ses dénombrements des monastères jacobites, n’en fait pas mention. C’est du ixe au xe siècle seulement que nous trouvons mentionné chez Bar Hébraeus, Chron. ecclés., I, 407, le monastère d’Aaron sur le mont Bérikâ. Nous sommes donc en droit de supposer que la légende d’Aaron a été composée en syriaque vers le ixe siècle, à l’aide de lieux communs glanés dans d’autres Vies, pour donner un illustre éponyme à deux monastères de la région de Mélitène construits, sous le vocable d’Aaron, du vie au IXe siècle.

La légende de Maxime et Domèce n’est, comme nous le dirons, qu’une paraphrase d’un chapitre des Apophthegmes. Les deux saints grecs, contemporains de Macaire, qui ont donné leur nom au monastère de Baramous, ont chance d’avoir existé, mais leur nom n’a jamais été connu. Un auteur assez tardif, antérieur au xe siècle, a imaginé leurs noms, leur généalogie, a complété leur histoire, et n’a pas hésité — avec cette inconsciente impudence dont on trouve tant d’exemples chez les Coptes — à se faire passer pour Peschoi (Bisoès) et à se donner pour le témoin oculaire des faits qu’il invente. Le syriaque est sans doute basé sur un texte copte ou arabe.

Nous n’avons à Paris qu’un extrait de la Vie d’Abraham de la Haute-Montagne, maître de Barsôma, mais il nous en donne une suffisante idée. Cette Vie semble avoir été composée en syriaque et attribuée à un disciple d’Abraham, pour donner plus de relief au célèbre Barsôma, qui partage avec Dioscore d’Alexandrie le rôle de protagoniste de l’hérésie monophysite. Non seulement on l’a gratifié (aussi bien que Dioscore) d’une histoire légendaire, mais on lui a encore donné un père spirituel digne de lui.

IV. Maurice, empereur d’Orient de 582 à 602, a toujours été en communion avec la chaire de Pierre et il est étrange que les Jacobites le revendiquent et en fassent un martyr.

V. Nous ajoutons ensuite les miracles de saint Ptolémée édités et traduits par M. L. Leroy d’après le manuscrit arabe n° 150 de la Bibliothèque nationale.

Ptolémée est un martyr égyptien bien antérieur au concile de Chalcédoine[1], qui devrait donc appartenir à l’Église universelle. En réalité

  1. Cf. Eusèbe, Hist. eccl., VI, xli, 22.