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ARISTOTE
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et immuables. Est-il évident que la finalité, ainsi entendue, soit entièrement exclue de la science moderne ? Le premier de ces trois principes signifie que, par l’observation et l’induction, on peut atteindre à la connaissance des lois fondamentales. À l’encontre de cette théorie se dresse la théorie mathématique cartésienne suivant laquelle il n’y a pas en réalité de lois qualitatives et multiples dans la nature, mais seulement des déterminations diverses de la quantité homogène et mathématique. Mais, si la conception cartésienne est devant nous comme un idéal et représente la science achevée, la marche aristotélicienne demeure celle qui est appropriée à nos moyens de connaître. Aristote a seulement eu tort de croire que par l’induction nous puissions arriver à des lois simples et absolues qui ne supposent rien avant elles. Le second principe a une ressemblance frappante avec celui de la lutte pour la vie. Ici comme là, on suppose en chaque individu une tendance à exister et à se développer dans un sens déterminé. Il est vrai que la science moderne voudrait arriver à réduire la vie elle-même à un mécanisme, mais elle n’en reconnaît pas moins que la vie a les caractères et joue le rôle que lui attribuait Aristote. Toute la différence consiste à considérer comme dérivé ce qu’Aristote tenait pour primitif ; mais, en attendant que la réduction soit opérée, nous ne croyons pas errer en disant : tout se passe comme s’il y avait en chaque être vivant une tendance à exister et à exister d’une certaine manière. Enfin le troisième principe, qui a encore ses défenseurs parmi les savants eux-mêmes, n’est pas, dans le sens où l’entend Aristote, en contradiction absolue, même au point de vue physique, avec la doctrine des évolutionistes. Que veut dire Aristote ? Il n’entend pas que l’histoire des êtres de la nature a commencé dans le temps par une création d’espèces séparées ; il veut dire que la réalisation d’un certain nombre de types distincts, en même temps qu’harmoniques, est la fin et la règle des productions de la nature. Il admet que la nature, le plus souvent, arrive à réaliser cette fin ; mais à côté des productions tout à fait régulières de la nature, il admet des productions en partie régulières, en partie irrégulières ; il en admet même de tout à fait irrégulières. Or, si l’on fait abstraction du passé et de l’origine dans le temps, dont ne s’occupait pas Aristote, on ne trouvera pas une si grande divergence entre ce point de vue et celui de l’évolutionisme. À la différence du matérialisme et de la doctrine du hasard, l’évolutionisme admet que les espèces existent, au moins actuellement. Et il reconnaît dans la nature la tendance à une spécification de plus en plus complète. Le principe d’Aristote subsiste donc aujourd’hui même, du moins sous la forme hypothétique, la seule qu’un principe puisse recevoir dans la science : tout se passe comme s’il existait une hiérarchie de formes idéales distinctes les unes des autres, que les êtres de la nature tendent à réaliser.

Emile Boutroux.

Bibl. : Biographie : J.-G. Buhle, Vita Aristotelis per annos digesta, dans son édition inachevée des œuvres d’Aristote, 1791-1800, t. I. — George-Henry Lewes, Aristotle ; Londres, 1864. C. Zell, art. Aristoteles dans l’Encyclopédie de Pauly, 2e éd., t. II, 1866. — Caignet, Essai sur la Psychologie d’Aristote, 1883.

LES ÉCRITS D’ARISTOTE :

I. Ouvrages relatifs à l’ensemble de l’œuvre d’Aristote :

1e Edition Buhle, 5 vol., 1791-1800, édit. inachevée. — Edit. publiée sous les auspices de l’Académie des sciences de Berlin, en 5 vol. (Berlin, 1831-1870) par. Bekker et Brandis ; le 5e vol. contient un index Aristotelicus, très estimé, par Bonitz. — Edit. Tauchnitz, Leipzig, 1831-32. — Edit. Didot, en 5 vol., Paris, 1848-74, texte grec, trad. latine et index alphabétique par Diibner, Bussemaker et Heitz.

2e Traductions’trad. allemande ; Stuttgart, 1836-57 ; trad. française, par Barthélemy Saint-Hilaire, encore inachevée, mais comprenant déjà : la Logique, le Traité de l’âme, la Morale, la Politique, la Poétique, la Rhétorique, la Métaphysique, l’Histoire des animaux (1844-1883).

II. Commentaires et éditions relatives à des ouvrages particuliers : les meilleurs commentaires anciens sont ceux d’Alexandre d’Aphrodisias (commencement du IIIe siècle ap. J.-C.) et de Simplicius (IV siècle ap. J.-C.). Voici les édit. partielles les plus importantes :

Logique, édit. Waitz, texte grec et commentaire, 1844-40.

Métaphysique, édit.

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Schwegler, avec trad. et commentaire en allemand, 184748 ; édit. Bonitz avec commentaire en latin, 1848-49 ; édit. Christ, 1886.

Physique, édit. Prantl, avec trad. et commentaire allemands, 1854.

De coelo et De generatione et corruptione, édit. Prantl 1857.

Meteorologica, édit. Ideler, 1834-36.

De anima, édit. Trendelenburg, 1833 ; 2e édit., revue par Belger, 1877.

Ethique à Nicomaque, édit. Susemihl, 1880 ; édit. Al. Grant, 3e édit. 1874.

Politique, édit. Susemihl, avec trad. allemande, 1879.

Rhétorique, édit. Spengel, 1867, trad. française, par Bonafous, 1856.

Poétique, édit Susemihl, avec trad. allemande ; 2e édit, 1874 ; édit. Schmidt, avec trad. allemande, 1875 ; édit. E. Eger, avec trad. française, 1874 ; édit. Ueberweg, 2e édit. 1575 ; édit. Christ, 1878 ; trad. française de la Rhétorique et de la Poétique, par Ruelle, 1882.

Historia animalium, édit. Aubert et Wiemmer, avec trad. et commentaire, allemands, 1868.

De generatione animalium, édit., trad. et commentaire allemands, par les mêmes, 1860.

De partibus animalium, édit. Frantzius, avec trad. et commentaire allemands, 1853.

V. aussi, dans la Philosophische Bibliothek de Kirchmann, la trad. allemande, avec commentaires, des principaux ouvrages philosophaques d’Aristote.

L’ENSEMBLE DE L’ŒUVRE DARISTOTE :

RITTER, Histoire de la philosophie ancienne.

ZELLER, Die Philosophie der Griechen, 1879, t. III, 3e édit.

GROTE, Aristotle.

RAVAISSON, Essai sur la métaphysique d’Aristote ; Paris, 1837-46.

TEICHMÜLLER, Studien zur Geschichte der Begrife ; Berlin, 1874 ; et Aristotelische Forschungen, 1867-73, 3 vol.

BIESE, Die Philosophie des Aristoteles, 1835-12, 2 vol.

WALTER, Die Lehre von der praktischenVernunft in der griechischen Philosophie, 1874, p. 537.

G.-H. LEWES, Aristotle a chapter from the history of science ; Londres, 1864.

GRANT, Aristotle.

Ewd. WALLACE, Outlines of the philosophy of Aristotle, 1880, 2e édit.

A. THUROT, Etudes sur Aristote (Politique, Dialectique, Rhétorique) : Paris, 1860.

BRANDIS, Aristoteles und seine akademischen Zeitgenossen, 1853-57, Uebersicht über des aristotelische Lelirgebäude, etc., 1860.

BONITZ, Aristotelische Studien ; Vienne, 1862-66.

HEYDER, Kritische Darstellung und Vergleichung der aristotelischen und hegelschen Dialektik, 1845.

EUCKEN, Die Methode der aristotelisohen Forschung, 1872.

ARISTOTE HISTORIEN :

AMEDEE JACQUES, Aristote considéré comme historien de la philosophie ; Paris, 1837.

V. EGGER, De fontibus Diogenis Laertii ; Bordeaux, 1881.

LOGIQUE :

FRANCK, Esquisse d’une histoire de la logique, précédée d’une analyse étendue de l’Organon d’Aristote, 1838.

TRENDELENBURG, Elementa logices Aristotelaea in usum scholarum, 1874, 7e édit.

PRANTL, Gesch. d. Logih in Abendande, 1855-70.

THUROT, Etudes sur Aristote, 1860.

MÉTAPHYSIQUE :

MICHELET, Examen critique de l’ouvrage d’Aristote intitulé Métaphysique, 1836.

E. VACHEROT, Théorie des premiers principes selon Aristote, 1836.

RAVAISSON, Essai sur la métaphysique d’Aristote, 1837-46.

J. SIMON, Etudes sur la théodicée de Platon et d’Aristote.

TEICHMÜLLER, Studien zur Gesch. d. Begriffe ; et, du même auteur, Aristotelische Forschungen, III.

PHYSIQUE :

Ch. LÉVÊQUE, la Physique d’Aristote et la science contemporaine, 1863.

G.-H. LEWES, Aristotle, a chapter from the history of science, 1864.

MATHÉMATIQUES :

BURJA, Mémoires I et II sur les connaissances mathématiques d’Aristote (mém. de l’Acad. de Berlin, 1790).

ASTRONOMIE :

HUMBOLDT, Kosmos, II. Mémoire sur les observations astronomiques envoyées à Aristote par Callisthène, dans les Mém. de l’Institut de France, 1818.

MÉTÉOROLOGIE :

IDELER, Meteorologia veterum Graecorum et Romanorum ; Berlin, 1832.

BIOLOGIE :

J.-B. MEYER, Aristoteles’Thierkunde, 1855.

Dr Jules GEOFFROY, l’Anatomie et la Physiologie d’Aristote.

V. CARUS, Histoire de la zoologie, depuis l’antiquité jusqu’au XIXe siècle, trad. franç. d’après l’allemand, Paris, 1880.

CARRAU, la Zoologie d’Aristote, Revue des Deux Mondes, 1er mai 1814.

Edm. PERRIER, la Philosophie zoologique avant Darwin, 1884.

G. POUCHET, la Biologie aristotélique, Revue philosophique, 1881-85.

F. PILLON, l’Anatomie et la Physiologie d’Aristote, Critique philos., 1886.

PSYCHOLOGIE :

CHAUVET, Des théories de l’entendement humain dans l’antiquité, 1856.

GRATACAP, Aristotelis de sensibus doctrina ; Montpellier, 1866.

Fr. BRENTANO, Die Psychologie des Aristoteles insbesondere seine Lehre vom  , etc. i Mainz, 1867.

KAMPE, Die Erkentnisstheorie des Aristoteles ; Leipzig, 1870.

WALTER, Die Lehre von der praktischen Vernunft in der griechischen Philosophie ; Iéna. 1874.

CHAIGNET, Essai sur la psychologie d’Aristote, 1883.

MORALE :

MICHELET, Die Ethik des Aristoteles in ihrem Verhältniss zum System der Moral ; Berlin, 1827.

P. JANET, Histoire de la philosophie morale et politique dans l’antiquité et dans les temps modernes, 1858.

DENIS, Histoire des théories et des idées morales dans l’antiquité, 1879, 2e édit.

Ollé LAPRUNE, Essai sur la morale d’Aristote, 1881.

Politique : P. Janet, Histoire de la science politique dans ses rapports avec la morale. — Denis, Histoire