Page:Grave - La Grande Famille.djvu/305

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On comprend l’enthousiasme de ceux qui n’ont vu de l’armée, que le dehors, lorsque les armes scintillent au soleil, que flamboient les couleurs du drapeau planant au-dessus des têtes, ses plis bruissant au vent, pendant que résonnent joyeusement les fanfares, que se cambrent les galonnés dans tout l’éclat de leurs parements, de leurs dorures. C’est une mise en scène qui peut éblouir celui qui aime l’éclat, et ne scrute pas les dessous.

Mais ce qu’il faut en rabattre alors que l’on est dans les coulisses ! Si l’armée est loin de relever le moral et d’élargir l’intellect du simple pioupiou, elle est loin de développer des qualités sociales chez l’officier. Partout l’ambition, le désir de paraître, le besoin de briller, l’envie d’éclipser, sont le principal stimulant. Si la servilité peut faire obtenir l’avancement désiré, pourquoi reculer ? À l’armée comme ailleurs, l’empressement, l’aplatissement devant les maîtres sont les plus sûrs garants de leur faveur.

Si l’on y ajoute la morgue que donne l’habitude du commandement, la certitude de n’être jamais contredit, la facilité de se décharger sur les inférieurs de toute la bile et les rancœurs que causent les supérieurs, on comprendra que si le simple soldat fournit le gendarme et le ser-