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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

idées, si elles peuvent être bonnes, peuvent aussi être très mauvaises. Noyées dans la masse, elles resteront sans force, avec l’autorité aux mains de ceux qui les professent, elles seront imposées à ceux qui les repousseraient. Et plus les individus au pouvoir seraient sincères, plus impitoyables ils seraient contre ceux qui se révolteraient contre leur manière de voir, étant convaincus de travailler au bonheur de l’humanité.


Nous avons vu dans le chapitre précédent que notre esclavage politique était déterminé par notre situation économique ; nous avons gendarmes, juges, ministres, etc., parce que nous avons banquiers, propriétaires ; l’un entraîne l’autre. Si nous arrivons à renverser ceux qui nous exploitent à l’atelier, si nous arrivons à nous débarrasser de ceux qui nous tiennent aux entrailles, il n’y a plus besoin de la force qui les défend, elle n’a plus raison d’être.

Actuellement, il y a besoin d’un gouvernement, de lois, de députés pour les fabriquer, d’une magistrature pour appliquer ces lois, d’une police pour appuyer les décisions de la magistrature, parce que ceux qui possèdent ont besoin d’une force pour défendre ce dont ils se sont emparés contre les revendications de ceux qu’ils ont dépossédés.

Mais le travailleur, lui, qu’a-t-il à défendre ? Que lui importe tout cet attirail gouvernemental dont il est le seul à supporter les frais d’entretien, sans en