tirer aucun profit, qui n’est là que pour lui apprendre qu’il n’a que le droit de crever de faim au milieu de l’abondance qu’il a créée ?
Aux jours sombres de révolte, quand la misère devenue plus intense pousse les travailleurs en masse dans la rue, ce sont encore ces institutions « sociales » qui se dressent devant eux et leur barrent la route de l’avenir. Il faut donc les détruire ; se bien garder de reconstituer une aristocratie nouvelle qui n’aurait qu’un but : jouir le mieux et le plus vite aux dépens de ses protégés. Qu’importe le choix de la main qui vous frappe, c’est à ne plus être frappés que nous devons viser.
N’oublions pas que, quel que soit le nom dont s’affuble l’autorité nouvelle, quelque bénigne qu’elle cherche à paraître, quels que soient les amendements que l’on y apporte, quel que soit le mode de recrutement de son personnel, ne s’en posera pas moins le dilemme suivant : ou bien ses décisions auront force de lois et seront obligatoires pour tous, alors elle aura besoin de toutes les institutions actuelles pour les appliquer et les faire respecter ? — Alors renonçons à être libres. — Ou bien les individus resteront libres de discuter les décisions gouvernementales, de s’y conformer s’il leur plaît, d’envoyer promener l’autorité si elle les embête ? — Alors la liberté reste entière, mais le gouvernement est inutile tout en restant une entrave et une menace. Conclusion : Pas de gouvernement.